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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/321

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erreur, Justine ; dès que les loix sont aveugles, prévaricatrices, ou insuffisantes, il est permis à l’homme d’y suppléer : les loix sont l’ouvrage des hommes ; l’homme a le droit de les corriger ; celui dont il s’agit est un despote… un tyran. Rappelles-toi les maximes affreuses qu’il nous étala l’autre jour ; le scélérat détruirait le peuple entier, s’il l’osait, et c’est une vertu, ma fille, oui, une vertu, que d’anéantir les tyrans ; il n’en existerait pas un seul dans le monde, s’il m’était possible de les égorger tous : cette pernicieuse engeance est-elle donc nécessaire pour conduire les hommes ? Mais, ce que j’abhorre encore plus qu’eux, s’il est possible, ce sont leurs courtisans et leurs flatteurs, tous scélérats qui ne cherchent qu’à faire refluer sur eux les bontés du prince et ses richesses ; ainsi le pauvre n’a travaillé que pour engraisser cette canaille ; c’est de son sang, de ses larmes et de ses sueurs qu’est abreuvé le luxe insolent de ces sang-sues, et l’on veut nous faire respecter les dégoûtantes idoles, enfantant d’aussi cruels abus ; non, non, je les voue tous à la haine et à la vengeance publique, ces prétendus maîtres du monde qui ne trouvent jamais dans la puissance qui les enivre,