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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/322

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que des moyens de scélératesse et de crimes. Oh  ! madame, répondit Justine, ne pourrait-on pas trouver plus d’une fois vos maximes en contradiction avec vos mœurs  ? — Jamais, Justine, jamais  ; je veux l’égalité, je ne prêche que cela  ; si j’ai corrigé les caprices du sort, c’est parce qu’écrasée, anéantie de l’inégalité de la fortune et des rangs, ne voyant que vanité, que tyrannie dans les uns, que bassesse, que misère dans les autres, je n’ai voulu ni briller avec le riche orgueilleux, ni végéter avec le pauvre humilié  ; je me suis fait un sort, une fortune, unique ouvrage de mon adresse et de ma philosophie  ; c’est à force de crimes, j’en conviens, mais je ne crois pas au crime, moi, ma chère, il n’existe aucune sorte d’action, qui, selon moi, puisse être qualifiée ainsi… En un mot, Justine, nous approchons, décides-toi, veux-tu me servir  ? — Non, madame, ne l’espérez jamais. Eh bien, tu mourras, indigne créature, reprit la Dubois en fureur, oui, tu mourras  ; ne te flattes pas d’échapper à ton sort. — Que m’importe, je serai délivrée de tous mes maux  ; le trépas n’a rien qui m’effraie, c’est le dernier sommeil de la vie, c’est le repos du malheureux  ; et cette bête féroce s’élançant aussi-