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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/331

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un entretien secret avec lui. On y consent de part et d’autre.

Dès qu’elle est seule avec le moine  : oh  ! mon pore, s’écrie-t-elle en se jettant à ses genoux, et les arrosant de ses larmes, sauvez-moi, je vous en conjure, de la cruelle position où je suis  ; alors elle lui prouva son innocence  ; elle ne lui cacha point que les mauvais propos qu’il lui avait tenu quelques jours auparavant, avaient indisposé la femme avec laquelle elle voyageait, et qui se trouvait maintenant son accusatrice. Le moine écoute très-attentivement  ; Justine, lui dit-il ensuite, ne t’emporte pas comme à ton ordinaire, si-tôt qu’on enfreint tes maudits préjugés  ; tu vois où ils t’ont conduite, et tu peux facilement te convaincre à présent, qu’il vaut cent fois mieux être coquine et heureuse, que sage et dans l’infortune. Ton affaire est aussi mauvaise qu’elle peut l’être  ; il est inutile de te le déguiser  ; cette Dubois dont tu me parles, ayant le plus grand intérêt à ta perte, y travaillera sûrement sous main  ; la Bertrand poursuivra, toutes les apparences sont contre toi  ; et il ne faut que des apparences aujourd’hui pour faire condamner à la mort. Je sais d’ailleurs que l’évêque de Grenoble agit sour-