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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/332

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dement, mais avec vigueur contre toi ; on assure même qu’il vient d’arriver pour suivre personnellement cette affaire ; tu es donc une fille perdue, il faut t’y attendre ; un seul moyen peut te sauver : je suis bien avec l’intendant ; il peut beaucoup sur les juges de cette ville ; je vais lui dire que tu es ma nièce, et te réclamer à ce titre ; il anéantira toute la procédure ; je demanderai à te renvoyer dans ma famille ; je te ferai enlever, mais ce sera pour t’enfermer dans notre couvent de cette ville, dont tu ne sortiras de ta vie… Et là, je ne te le cache point, Justine, là, esclave asservie de mes caprices, tu les assouviras tous sans distinction ; tu te livreras de même à ceux de mes confrères ; tu seras, en un mot, à nous, comme la plus soumise des victimes… tu m’entends… tu te souviens de Sainte-Marie des-Bois… la besogne est rude ; tu sais quelles sont les passions de libertins de notre espèce ; détermine-toi donc, et ne fais pas attendre ta réponse… Allez, mon père, répondit Justine avec horreur, allez, vous êtes un monstre, puisque vous vous permettez d’abuser aussi cruellement de ma situation pour me placer entre la mort et l’infamie ; je saurai périr, s’il le faut, mais ce sera du moins sans remords. Comme il vous plaira,