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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/337

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Pleine de ces réflexions, Justine écrit à Saint-Florent ; elle lui peint ses malheurs, elle le supplie de la venir voir ; mais elle n’a pas assez réfléchi sur l’ame de cet homme, quand elle a cru la bienfaisance capable d’y pénétrer ; elle ne s’est pas assez rappelé les indignes maximes de ce pervers, et sa malheureuse faiblesse l’engageant toujours à juger les autres d’après son cœur, elle a mal-à-propos supposé que cet individu devait se conduire avec elle comme elle se serait conduite avec lui.

Il arrive, et comme Justine avait demandé à le voir seul, on les laisse ensemble. Il avait été facile à notre héroïne de voir aux marques de respect qu’on lui avait prodiguées quelle était sa prépondérance dans Lyon. Quoi ! c’est vous, lui dit-il en jetant sur elle des regards de mépris, je m’étais trompé sur la lettre, je la croyais d’une femme plus honnête que vous et que j’aurais servie de tout mon cœur ; mais que voulez-vous que je fasse pour une imbécille de votre espèce ? Comment, vous êtes coupable de cent crimes tous plus affreux les uns que les autres, et quand on vous propose un moyen de gagner honnêtement votre vie, vous vous y refusez avec opiniâtreté ? On ne