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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/338

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porta jamais la bêtise plus loin… Oh ! monsieur, s’écria Justine, je ne suis point coupable… Que faut-il donc faire pour l’être, reprit aigrement cet homme dur ? La première fois de ma vie que je vous vois, c’est au milieu d’une bande de voleurs qui veulent m’assassiner ; maintenant c’est dans les prisons de cette ville, accusée de trois ou quatre nouveaux crimes, et portant sur vos épaules la marque assurée des anciens : si vous appelez cela être honnête, apprenez-moi donc ce qu’il faut pour ne l’être pas ?… Oh ! juste ciel ! monsieur, répondit Justine, pouvez-vous me reprocher l’époque de ma vie où je vous ai connu, et ne serait-ce pas bien plutôt à moi de vous en faire rougir ? J’étais de force, vous le savez, monsieur, parmi les bandits qui vous arrêtèrent, ils voulaient vous arracher la vie, je vous la sauvai en facilitant votre évasion… en nous échappant tous les deux. Que fîtes-vous, homme cruel, pour me rendre graces de ce service ? est-il possible que vous puissiez vous le rappeler sans horreur ? Vous voulûtes m’assassiner moi-même ; vous m’étourdîtes par des coups affreux ; et profitant de l’état où vous m’aviez mise, malgré les liens du sang qui nous unissaient, vous