Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

féroce, et loin de lire sur sa figure l’effet qu’elle devait attendre des secousses dont elle se flattait d’ébranler son ame, elle n’y distinguait que cette altération de muscles qu’elle avait pu y remarquer, quand il assouvissait ses lubricités avec elle ; il était assis bien en face ; ses yeux noirs et méchans la considéraient d’une manière affreuse ; le scélérat se branlait devant elle : infâme coquine, lui dit-il avec ce courroux libertin dont la malheureuse Justine avait été si souvent victime ; malheureuse garce, ne te souvient-il pas qu’en te quittant chez moi, je te recommandai surtout de ne jamais paraître dans Lyon ? — Mais, monsieur ? — Que m’importe l’accident qui t’y ramène ! t’y voilà, c’est mille fois plus qu’il ne me faut pour exciter ma rage, et pour desirer de te voir pendre. Écoutes-moi cependant, je veux bien encore te servir ; toute ta procédure est ici entre les mains de monsieur de Cardoville, mon ami depuis l’enfance ; ton sort dépend absolument de lui, je vais lui parler ; mais je t’avertis que tu n’obtiendras rien sans la plus servile soumission, non-seulement à lui, mais même à son fils et à sa fille avec lesquels il partage ordinairement toutes ses scènes de luxure. Je t’exhorte