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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/36

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thèse de l’admission d’un Dieu, où ce Dieu a pu trouver l’essence de l’ame ? il l’a créée me dites-vous. Mais cette création est-elle possible ? Si Dieu existait seul, il occuperait tout, excepté l’absurde néant. Dieu, ennuyé du néant, a créé, dit-on, la matière, c’est-à-dire, qu’il a donné l’être au néant ; voilà donc tout occupé : deux êtres remplissent tout l’espace, Dieu et la matière. Si ces deux êtres remplissent tout, s’ils forment le tout, il n’y a plus lieu à de nouvelles créations ; car il est impossible qu’une chose soit et ne soit pas en méme-tems. L’esprit remplit dès-lors tout le vide métaphysique ; la matière remplit physiquement tout le vide sensible : donc plus de place pour les êtres de nouvelle création à quelque point que l’on réduise leur existence. Ici, l’on a recours à Dieu, et l’on dit que ce Dieu reçoit en lui-même ces nouvelles productions ; si Dieu a pu loger dans la sphère spirituelle de son infinité spirituelle de nouvelles substances de même nature, il s’ensuit clairement qu’il n’était pas d’une infinité complète et parfaite, puisqu’il a souffert des additions ; qui dit infinité, dit exclusion de toute limite ; or, un être qui exclud toute limite, n’est point susceptible d’additions.