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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/37

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Si l’on dit que Dieu, par sa toute puissance, a resserré son essence infinie pour faire place à des substances nouvellement créées, je réponds qu’alors il n’a plus été infini, parce que lors du resserrement, le côté où il s’est fait, a laissé voir une limite.

Quand Dieu aurait pu recevoir dans sa sphère les substances nouvellement créées, il est toujours certain que cette sphère éprouvera un vide au départ de chaque substance qui en sortira pour venir dans la sphère de la matière animer un corps.

Ce vide pourra subsister toujours ; car selon les amateurs de cette absurdité, les ames condamnées au supplice ne sortiront jamais de l’enfer.

Si Dieu remplit continuellement le vide causé par l’absence d’une ame, il faut qu’il fasse faire à sa propre substance un effet rétroactif, lorsque quelques-unes de ces ames retournent à sa sphère, ce qui est absurde ; car un infini complet comme votre Dieu, et dont les parties sont elles-mêmes infinies, ne saurait se replier ni s’étendre.

Si le vide, causé par l’absence d’une ame, n’est point rempli, c’est un néant ; car il faut que tout espace contienne esprit ou matière.