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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/364

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pas, nous ne nous souillons pas de son sang, et la différence est énorme. — Ma fille, dit Dolmus, commettre un crime ou le faire commettre, est absolument égal pour la conscience ; le chatouillement qu’on éprouve, est le même, soit qu’on agisse, ou qu’on fasse agir ; cette fille n’est pas coupable, nous en sommes surs ; un mot de nous peut la sauver ; nous la livrons à des loix absurdes dont le glaive est à notre disposition. Sois certaine qu’entre ce crime et celui de la tuer de nos mains, la distance est bien médiocre ; mais exista-t-elle même cette distance, une autre conduite nous compromettrait peut-être ; et pour une portion de volupté… une portion idéale, nous mettrions nous-mêmes des entraves à toutes celles qui nous attendent par la suite. Faisons quelques sacrifices à nos plaisirs, c’est pour leur seul intérêt que j’agis, crois-le ; et, si je me prive aujourd’hui d’une dose quelconque de volupté, sois bien assurée que c’est pour en étendre un jour la sphère.

Pendant que Dolmus raisonnait ainsi, Julien, par ordre de Cardoville, rappelait Justine à la vie, et bassinait ses plaies. Allez, lui dit Dolmus, quand il la voit assez bien remise ;