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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/365

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allez vous plaindre maintenant. Oh ! dit Cardoville, la prudente Justine n’est pas dans le cas des plaintes ; à la veille d’être elle-même immolée, ce sont des prières que nous devons attendre d’elle, et non pas des accusations. — Qu’elle n’entreprenne ni l’un ni l’autre, répliqua Dolmus, elle nous inculperait sans être entendue, elle nous implorerait sans nous émouvoir. Mais, dit Justine, si cependant je révêlais… Cela reviendrait toujours à nous, dit Cardoville, et la considération, la prépondérance dont nous jouissons dans cette ville ne permettrait pas qu’on prît garde à d’aussi méprisables récriminations ; votre supplice n’en serait que plus cruel et que plus long : vous devez voir, chétive créature, que nous nous sommes amusés de votre individu, par la raison naturelle et simple qui engage la force à abuser de la faiblesse. Justine, dit Volcidor, doit sentir qu’elle ne peut échapper à son jugement, qu’il doit être subi, qu’elle le subira ; que ce serait en vain qu’elle divulguerait sa sortie de prison cette nuit, on ne la croirait pas ; le geolier tout à nous, la démentirait aussi-tôt : il faut donc que cette belle et douce fille, si pénétrée de la grandeur de Dieu, lui offre en paix tout ce qu’elle vient