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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/374

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moi je suis flétrie, marquée, comme une criminelle  ! il est comblé des dons de la fortune, et je tombe dans la plus extrême misère. Un homme a pour jouissance de noyer les enfans qu’il fait, je m’y oppose  ; saisie par lui, je suis enfermée dans ses tours  ; et c’est jusqu’à la mort que le scélérat compte m’y garder. On veut que j’introduise une bande de voleurs chez cet individu… que je livre une de mes compagnes… J’ai la faiblesse d’y consentir… je suis libre  ; le bonheur me sourit, parce que je viens de me permettre une atrocité  : c’est la promesse d’une mauvaise action qui me sort de chez Bandole, une vertu m’y tenait captive. Je veux m’approcher des sacremens, je veux implorer avec ferveur l’Être-Suprême dont je reçois néanmoins tant de maux, le tribunal auguste où j’espère me purifier, dans l’un de nos plus saints mystères, devient le théâtre sanglant de mon ignominie  : l’homme qui m’abuse et qui me souille, s’élève aux plus grands honneurs de son ordre, et l’adversité me poursuit. Je me laisse attendrir par une femme qui se plaint à moi de ses malheurs, elle me conduit dans un coupe-gorge  : là, plus qu’en aucune autre circonstance de ma vie, j’éprouve à quel point la main du sort