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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/376

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victimes. Indignée de la proposition, j’en repousse jusqu’à l’idée même. Le libertin, pour se venger, me soumet encore une fois à des ignominies. Je pars de Lyon ; le premier objet que je rencontre est une femme qui me demande l’aumône ; je la soulage, elle m’entraîne sur un souterrain, où je m’engloutis avec elle ; de nouvelles abominations se présentent à moi ; il faut que je les partage. Là, l’on exige un vol pour prix de ma liberté ; je m’y refuse ; je dénonce le coupable ; il est heureux, je suis la seule punie. L’engagement d’un nouveau forfait brise à la fin mes fers ; ce n’est qu’en l’accueillant que la fortune me flatte. Débarrassée de tous ces fripons, je marche vers Grenoble ; un homme évanoui s’offre à moi ; je le secoure ; l’ingrat me fait tourner une roue comme une bête, et me pend pour se délecter ; ce furieux veut que je le pende à mon tour. Une seconde fois maîtresse de sa vie, je la lui sauve encore. Pour dédommagement, il m’enferme vivante au milieu de deux cents cadavres ; tous ses souhaits sont accomplis… je suis prête à mourir sur un échafaud, pour avoir travaillé de force dans sa maison. Une femme épouvantable que le ciel me fait retrouver, veut me séduire, et