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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/377

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me fait perdre le peu que je possède, pour avoir voulu sauver les trésors de sa victime… Un jeune homme sensible veut me faire oublier tous mes maux… m’en consoler par l’offre de sa main, il expire dans mes bras, avant que de le pouvoir. Son ami cherche à tarir mes larmes : mais ma persécutrice se venge ; les serpens de l’enfer devaient me déchirer, je venais d’être vertueuse. Je suis saisie, enlevée, conduite chez un homme, dont la passion est de couper des têtes. J’échappe à ce danger ; les bras qu’on me tendait me protègent encore ; je me crois à la fin tranquille. Une maison brûle ; je me précipite au milieu des flammes, pour en arracher l’enfant de celle qu’on m’a donné pour protectrice. À jamais dupe de mes bienfaits, c’est celle même à qui j’ai rendu service : qui me perd. Enfermée comme une scélérate, chargée d’imputations calomnieuses, j’implore un religieux ; il me contraint à des exécrations, et m’abandonne sans me servir. J’ai recours à la protection d’un homme à qui j’ai sauvé la fortune et la vie ; il me livre à d’insignes libertins, au milieu desquels j’éprouve mille fois plus d’horreurs que je n’en connus de mes jours, Cette multitude de bêtes féroces