Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/379

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vous êtes libre ; mais du silence, soit que vous acceptiez, soit que vous refusiez, n’ouvrez jamais la bouche de ce que je vous révèle ici… allons, décidez-vous… Oh, Dieu ! s’écria Justine, toujours entre le vice et la vertu, faut-il donc que la route du bonheur ne s’ouvre jamais pour moi qu’en me livrant à des infamies !… Oui, monsieur, oui, je vais vous obéir ; vous me proposez un crime… je vais m’y livrer… oui, je vais le commettre, pour en épargner un bien plus atroce aux scélérats qui me font périr.

Le geolier se retire ; le tems presse : déjà l’air retentit des sons lugubres de cette cloche, qui annonce aux malheureux condamnés qu’ils n’ont plus qu’un moment à vivre[1]. Notre héroïne vient se placer près de son confrère ; elle lui dérobe l’effet desiré, le remet au gardien, qui, dans le même instant, pour récompense, lui ouvre les portes, et lui donne un louis pour sa route.

Fuyons, fuyons, s’écrie cette infortunée

  1. C’est l’usage dans presque toutes les provinces méridionales.