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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/380

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dès qu’elle est seule  ; quittons promptement un pays où le bonheur que j’y espérais s’éloigne avec autant d’acharnement. La nuit vient  ; les ténèbres favorisent sa fuite, et la voilà dans la route de Paris, où la portent ses résolutions, dans l’espoir d’y rejoindre sa sœur, de l’attendrir sur ses infortunes, et de trouver au moins près d’elle quelques ressources à son affreuse misère.

Telles furent les idées qui nourrirent Justine jusques aux environs d’Essonne.

Il était environ quatre heures du soir  ; elle marchait sur l’un des bas-côtés de la route, lorsqu’elle apperçoit une dame de la plus grande élégance, qui se promenait avec quatre hommes. Abbé, dit cette dame en s’adressant à l’une des personnes qui l’accompagnaient, voilà une créature dont la figure me frappe… Mademoiselle, un mot, je vous prie… Voudriez-vous bien me dire votre nom… ce que vous êtes  ? — Oh  ! madame, la plus malheureuse des filles  ! — Mais, votre nom, enfin  ? — Justine. — Justine  !… quoi  ! vous seriez la fille du banquier N…  ? — Oui, madame… Mes amis, c’est ma sœur… oui, ma sœur… que ces guenilles et ces haillons vous dé-