Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand silence y régnait. Après quelques détours, le comte ouvre un cachot ; il y précipite Justine : fille imprudente, lui dit-il, je t’avais prévenue que le crime que tu viens de commettre, se punissait de mort ; prépares-toi donc à subir ce juste châtiment : demain, en sortant de table, je viens t’expédier. La pauvre créature se précipite de nouveau aux genoux de ce barbare ; mais la saisissant par les cheveux, le cruel la traîne à terre, lui fait faire ainsi deux ou trois fois le tour de la prison, et finit par la précipiter contre les murs, de manière à l’y écraser. Tu mériterais que je t’ouvrisse à l’instant les quatre veines, lui dit-il, en fermant la porte ; et si je retarde ton supplice, sois sûre que c’est pour le rendre plus long et plus horrible encore.

On ne se peint point la nuit que passa Justine ; les tourmens de l’esprit, joints à plusieurs contusions que les traitemens de Gernande venaient de lui faire éprouver, rendirent cette nuit l’une des plus affreuses de sa vie.

Il faut avoir été malheureux soi-même pour se figurer les angoisses d’un infortuné qui attend son supplice à toute heure… à qui l’es-