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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/65

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à son sort ! Ne sachant donc que devenir, trouvant des dangers par-tout, elle se jette aux pieds d’un arbre, en se résignant en silence aux volontés de l’Éternel. Le jour paraît enfin : le premier objet qui la frappe, est le comte lui-même ; il était sorti pour guetter des petits garçons auxquels il faisait tacitement permettre de venir ramasser des branches dans son parc, afin d’avoir le plaisir de les prendre sur le fait, et de les fouetter jusqu’au sang par punition ; une de ces expéditions se présente ; il la consomme ; il déchire les fesses du petit malheureux, le poursuit à coups de canne, quand ses yeux tombent sur Justine ; il croit voir un spectre… il recule. Rarement le courage est la vertu des traîtres. Justine se lève tremblante ; elle se précipite, à ses genoux. Que faites-vous là, lui dit aigrement cet antropophage ? — Oh ! Monsieur, punissez-moi, je suis coupable, et n’ai rien à répondre… L’infortunée… elle a malheureusement oublié de déchirer la lettre de sa maîtresse. Gernande la soupçonne, il la demande, apperçoit le fatal écrit, le saisit, le dévore, et ordonne à Justine de le suivre.

On rentre dans le château par un escalier dérobé qui donne sous les voûtes ; le plus