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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/70

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CHAPITRE XVII.


Rencontre singulière. — Proposition refusée. — Comment Justine est récompensée d’une bonne œuvre. — Asyle d’une troupe de Mendians. — Mœurs et coutumes de ces individus.


Rien ne fait rêver comme, le malheur ; toujours sombre, replié sur lui-même, celui que la fortune moleste accuse aigrement toute la terre, sans être assez juste un instant pour sentir que, dès qu’il y a une somme à-peu-près égale de faveurs et d’adversités dans le monde, il faut absolument que chacun ait une petite part de l’une et de l’autre[1].

  1. Les Grecs avaient peint Jupiter assis entre deux cuves ; dans l’une étaient les dons de la fortune ; ses revers dans l’autre. Le Dieu prenait à pleines mains, tour-à-tour dans l’un et l’autre tonneau, pour jeter sur les hommes ; mais on remarquait qu’il revenait toujours plus souvent au magasin des malheurs qu’à celui des prospérités.