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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/76

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forêt ; il n’est point de volupté dans le monde qui allume mes sens comme le viol d’une fille-vierge ; vous possédiez cette fleur dont je fais tant de cas ; je l’ai flétrie, je vous ai violée ; j’eus fait bien pis, si mes premières insultes n’eussent pas assuré mon triomphe, et que vous eussiez pu m’opposer quelques résistances. Mais, me direz-vous, peut-être, pourquoi vous laisser sans ressources… au milieu de la nuit… dans une route dangereuse ! Ah ! Justine, je vous dévoilerais en vain ces motifs ; vous ne les entendriez pas ; les seuls êtres qui connaissent le cœur de l’homme… qui en ont étudié les replis… fouillé les coins les plus impénétrables, pourraient vous expliquer cette suite d’égaremens. Vous m’aviez obligé, Justine ; vous m’aviez aidé à briser mes liens ; vous usurpiez des droits à ma reconnaissance ; vous m’apparteniez, en un mot ; en fallait-il donc plus à une ame comme la mienne, pour me porter à tous les crimes imaginables contre vous. — Oh ! monsieur, de telles horreurs peuvent, dites-vous, se comprendre ? — Eh oui, Justine ; eh oui ; tout se comprend dans l’ame d’un libertin ; chez lui tous les écarts s’enchaînent, et, si-tôt qu’on a démêlé le premier, tous les autres se devi-