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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/77

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nent aisément. Vous le vîtes ; en venant de vous violer, de vous battre (car je vous battis, Justine), eh bien ! à vingt pas de-là, songeant à l’état où je vous laissais, je retrouvai sur-le-champ, dans ces idées, des forces pour de nouveaux outrages, que je ne vous eusse peut-être jamais fait sans cela ; vous n’aviez été foutue qu’en con, je revins exprès pour vous enculer : eussiez-vous eu mille pucelages, je les eus tous cueillis l’un après l’autre. Il est donc vrai que, dans de certaines ames, la volupté peut naître au sein du crime… que dis-je ? il est donc vrai que le crime seul l’éveille et la décide, et qu’il n’est pas une seule volupté dans le monde, qu’il n’enflamme et qu’il n’améliore. — Oh ! monsieur, quelle atrocité ? — N’en pouvais-je pas commettre une plus grande ? Je pouvais vous assassiner, Justine ; je ne vous cache pas que j’en eus grande envie ; vous dûtes m’entendre revoler après vous dans cette intention ; vous étiez morte, si je vous eus trouvée. Je me consolais de n’avoir pu vous joindre, par la certitude où j’étais que, réduite aux dernières extrémités, la vie allait devenir pour vous un état plus cruel que la mort. Mais laissons cela, mon enfant, et venons à l’objet qui m’a fait desirer de vous voir.