Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

oserez-vous encore vous soustraire à mes fantaisies ? — Le desir est égal, répondit fièrement Justine, la faculté seule n’est plus la même. — Tant mieux, répond Saint-Florent ; ce sera donc malgré vous que j’agirai, et cette clause est indispensable au complément de mes desirs ; qu’on déshabille cette putain… Ah, ah, dit Saint-Florent dès qu’il apperçoit la funeste marque, il me paraît que ma chère nièce n’a pas toujours été aussi vertueuse qu’elle veut bien nous le persuader, et voici des traces ignominieuses qui nous dévoilent suffisamment sa conduite. En vérité, monsieur, dit Lafleur, cette coquine peut vous déshonorer ; quand vous vous en serez satisfait, je vous conseille de la faire mettre dans quelque cachot où l’on n’entende jamais parler d’elle. Monsieur, monsieur, interrompit Justine avec impatience, daignez m’entendre avant que de me condamner, et la pauvre fille explique alors toute l’énigme. Mais quelque soit l’air de vérité qu’elle mette à raconter sa malheureuse histoire, Saint-Florent, incrédule, n’en redouble pas moins ses sarcasmes ; les injures, les humiliations n’en sont pas moins prodiguées par ce monstre à cette créature angélique, et d’un mérite bien plus