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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/89

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vertu ne lui réussissait pas mieux quand elle en adoptait le langage, que quand elle en suivait les préceptes. Saint-Florent sonne ; son valet-de-chambre paraît : voilà, dit le scélérat à cet agent de ses débauches, une petite créature qui m’a volé autrefois ; je la ferais pendre, si j’exécutais mon devoir ; je veux bien cependant lui sauver la vie ; mais comme il est essentiel d’en délivrer la société, saisissez-la et qu’on l’enferme sur-le-champ dans cette chambre sûre que nous avons là-haut ; ce sera sa prison pour dix ans, si elle se conduit bien ; son cercueil éternel, si nous avons à nous en plaindre.

Lafleur s’empare à l’instant de Justine, et se dispose à l’entraîner, lorsque celle-ci pousse des cris assez perçans pour faire redouter une scène. Saint-Florent furieux, lui entortille la tête, lui fait lier les mains ; puis, aidant lui-même à son valet, tous deux enlèvent au grenier cette malheureuse, et la jettent dans une chambre, assez bien fermée pour n’avoir rien à craindre, ni de ses plaintes, ni de son évasion.

Il n’y avait pas une heure qu’elle y était, lorsque Saint-Florent parut ; Lafleur l’accompagnait ; eh bien, lui dit ce monstre de luxure,