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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/102

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fait éclorre, l’oisiveté les renouvelle, l’occasion les augmente : le moyen d’y résister ! Les vrais athées sont chez les prêtres, mes chères dames ; vous ne faites vous autres que soupçonner le néant de l’idole ; nous qui sommes ses prétendus confidens, nous sommes bien sûrs qu’elle n’existe pas. Toutes les religions révélées que l’on voit dans le monde, sont remplies de dogmes mystérieux, de principes inintelligibles, de merveilles incroyables, de récits étonnans, qui ne semblent imaginés que pour confondre la raison ; elles annoncent toutes un Dieu caché, dont l’existence est un mystère. La conduite que l’on lui prête est aussi difficile à concevoir que l’essence de ce Dieu lui-même ; si la divinité existait, aurait-elle parlé d’une façon si énigmatique ? que signifierait de se révéler pour n’annoncer que des mystères ? Plus une religion a de mystéres, plus elle présente à l’esprit de choses incroyables, et plus elle plaît malheureusement aux hommes qui y trouvent dès lors une pâture continuelle ; plus une religion est ténébreuse, et plus elle paraît divine, c’est-à-dire, conforme à la nature d’un être caché, et duquel on n’a point d’idée. C’est le