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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/11

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me branler le con, en déchargeant sur cette idée singulière : J’aime le crime, et voilà tous les moyens du crime à ma disposition. Oh ! mes amis, qu’elle est douce cette idée, et que de foutre elle m’a fait perdre. Desirais-je un nouveau bijou, une nouvelle robe, mon amant, qui ne voulait pas me voir trois fois de suite les mêmes choses, me satisfaisait à l’instant… et tout cela sans exiger autre chose de moi que du désordre, de l’égarement, du libertinage, et les soins les plus excessifs aux arrangemens de ses débauches journalières. C’était donc en flattant mes goûts, que tous mes goûts se trouvaient servis ; c’était en me livrant à toute l’irrégularité de mes sens, que mes sens se trouvaient enivrés. Mais dans quelle situation morale tant d’aisance m’avait-il placée ? Voilà ce que je n’ose dire, mes amis, et ce dont il faut pourtant que je convienne avec vous. L’extrême libertinage, dans lequel je me plongeais tous les jours, avait tellement engourdi les ressorts de mon ame, qu’aidée des pernicieux conseils, dont j’étais abreuvée de toutes parts, je n’aurais pas, je crois détourné un sol de mes trésors, pour rendre la vie à un malheureux. À peu