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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/127

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sèrent mes espérances ; je fus foutue sept coups, et moi, toujours brûlée de mes projets féroces, je décharge le double, à la délicieuse pensée d’enterrer, le lendemain, celui qui joint au tort d’être mon père, le tort plus grand, de m’énivrer de délices. Ce fut vers le milieu de ces courses, que lui dévoilant les craintes affreuses où j’étais qu’une grossesse ne vint à trahir notre intrigue, je lui tournai le plus beau cul du monde, pour l’engager à changer de route : le crime, hélas ! était si loin du cœur de mon vertueux père, qu’il ignorait jusqu’à la manière de procéder à ces infamies. (Je me sers de ses expressions) auxquelles il ne consentait, me dit-il, que par prudence et par excès d’amour ; le butor m’encula trois fois : cette répétition était nécessaire à la pièce qui devait se jouer le lendemain. Ce que j’en ressentis fut si vif que je m’évanouis de plaisir.

Il arriva cet heureux lendemain où je devais enfin goûter les charmes indiscibles d’un crime que je me désolais de ne pouvoir exécuter : la nature, que j’allais si grièvement outrager, ne m’avait jamais paru si belle ; jamais je ne m’étais trouvée si jolie, si