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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/136

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actif ; quelle est, en un mot, la différence qui se trouve entre la honte et le remords.

La voici, dit Saint-Fond, c’est que la honte est le fruit de la douleur d’une mauvaise action relativement à l’opinion publique ; et le remords, relativement à notre propre conscience ; ensorte qu’il est possible d’avoir honte d’une action qui ne donne aucun remords, si cette action n’offense que les usages reçus, sans effleurer la conscience ; et qu’il est également possible d’avoir des remords sans honte, si l’action commise s’accorde avec les lois et les usages de notre pays, quoiqu’elle répugne à notre conscience. Un homme, par exemple, rougirait d’aller se promener tout nud dans la grande allée des Tuileries, quoiqu’il n’y eût rien, dans cette action qui dut lui donner des remords ; et un général d’armée aura peut-être des remords d’avoir fait tuer vingt mille hommes dans une bataille, quoiqu’il n’y ait rien dans cette action qui doive lui donner de la honte. Mais ces deux mouvemens fâcheux s’énervent également par l’habitude. La société des Amis du Crime, dans laquelle Clairwil vous a fait entrer, absorbera dans vous ce sentiment pusillanime de la honte ; l’habitude