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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/143

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crimes ? qui les excuse ? la nécessité de le gouverner. Voilà donc le crime, un des ressorts du gouvernement ; je vous demande maintenant, de quelle nécessité peut être dans le monde le mode que vous appelez vertu, lorsqu’il est constant que vous ne pouvez obtenir ce mode que par des crimes ; d’ailleurs, il est extrêmement nécessaire, pour le gouvernement même, que la masse des hommes soit très-corrompue : plus elle le sera, plus il agira facilement, Examinez, en un mot, la vertu sous tous les rapports, et vous la verrez toujours inutile et dangereuse. Je voudrais, Juliette, poursuivit Saint-Fond, en ne s’adressant plus qu’à moi, détruire radicalement en vous tous les préjugés sur cet objet, qui feront infailliblement votre malheur ; je voudrais assurer vos opinions dans le cours de votre vie, car il est affreux d’être né avec des penchans à mal faire, et de ne pouvoir s’y livrer sans frémir. Convainquez-vous bien, mon ange, que dussiez-vous troubler et déranger l’ordre de la nature dans tous les sens possibles, vous n’auriez jamais fait qu’user des facultés qu’elle vous a données pour cela… des facultés qu’elle gavait bien que