Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faut, avez-vous dit, être fausse avec tout le monde ; si malheureusement vous l’étiez avec moi, vous sentez tout ce que j’aurais à craindre. Ne redoutez point cela, dit le ministre, je ne serai jamais faux avec mes amis, parce qu’au fait, il faut avoir quelque chose de solide dans le monde ; se sur quoi pourrait-on compter, si ce n’est sur le commerce de ses amis ? vous pouvez donc être certains, tous trois, que je ne vous tromperai jamais, à moins que vous ne me trompiez les premiers ; la raison de cela est bien simple, je vais l’étayer par l’égoïsme, la seule règle que je connaisse pour se bien juger soi et les autres. Nous vivons ensemble : n’est-il pas vrai que si vous vous apperceviez que je vous trompe, vous me le rendriez bientôt, et je ne veux pas être trompé : voilà toute ma logique en amitié ; c’est, dans le fait, un sentiment fort difficile entre sexe égal, impossible entre sexe différent, et que je n’estime qu’autant, ce qui est fort rare, qu’il peut-être fondé sur des rapports d’humeurs et de goûts ; mais il est faux de dire qu’il faille que la vertu en soit le ciment ; il deviendrait alors, si cela était vrai, un sentiment fort plat, que la mono-