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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/146

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tonie détruirait bientôt ; quand les plaisirs en sont la base, chaque nouvelle idée en resserre les liens ; le besoin, seul aliment réel de l’amitié, rapproche ses nœuds à tous les instans, l’on s’aime tous les jours d’autant mieux… d’autant plus, que tous les jours on a plus besoin l’un de l’autre ; on jouit de son ami, on jouit avec son ami, on jouit pour son ami, les voluptés s’augmentent les unes par les autres, et ce n’est véritablement qu’alors qu’on peut se flatter de les connaître. Mais qu’obtiens-je d’un sentiment vertueux ? Quelques voluptés sèches, quelques jouissances intellectuelles qui se détruisent à la première épreuve, et qui donnent des regrets d’autant plus amers que l’amour-propre en demeure blessé, et qu’il n’est point de traits plus sensibles que ceux qui vont à l’orgueil.

Il était tard, on se coucha ; nous nous mîmes tous quatre dans un lit de huit pieds quarrés, construit pour de pareilles scènes, et après quelques luxures on s’endormit. Des affaires ayant rappelé Noirceuil à Paris, il nous quitta de bonne heure ; Clairwil et moi tînmes compagnie à Saint-Fond, qui desirait passer quelques jours à la campagne.

À notre retour à Paris, Saint-Fond m’a-