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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/148

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liette, éduquez-la pendant quelque tems ; rendez-la digne de l’ami auquel je la destine, inspirez-lui le goût de tous les crimes, et la plus forte horreur pour toutes les vertus. Je vous cède mes droits sur elle ; transmettez-lui les principes que vous avez reçus de celui qui doit l’épouser ; donnez-lui tous nos goûts, communiquez-lui toutes nos passions : jamais le mot de Dieu ne fut prononcé devant elle, ce n’est pas avec vous que je crains qu’elle en puisse concevoir l’idée. Je lui brûlerais moi-même la cervelle, à l’instant où je lui entendrais parler de cette exécrable chimère. D’importans objets empêchent Noirceuil et moi, de nous livrer aux soins que nous vous confions, ils ne sauraient être en meilleures mains. Ce fut à cette occasion que le ministre m’apprit la nomination de Noirceuil à l’une des places les plus importantes de la cour, et qui lui valait cent mille écus de rente. Il la obtenu, me dit Saint-Fond, au même tems que le roi vient de m’en conférer une, qui me vaut le double. Et pendant que le vice triomphait avec cette impudence, vous voyez, mes amis, comme la main du sort écrasait toutes les victimes de ces indignes scélérats… Combien ces réflexions si fort au désavantage du bien, si