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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/15

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lubricité… qu’il suffit seul à l’éveiller en nous, et que pour donner à cette délicieuse passion tout le degré d’activité possible sur nos nerfs, il n’est besoin que du crime seul.

Elvire et moi nous avions porté du phosphore de Boulogne, et j’avais chargé cette fille leste et spirituelle, d’amuser toute la famille, pendant que je fus le placer adroitement dans la paille d’un grenier qui se trouvait au-dessus de la chambre de ces malheureux ; je reviens, les enfans me caressent, la mère me raconte avec bonhomie tous les petits détails de sa maison. Le père veut que je me rafraîchisse ; il s’empresse à me recevoir de son mieux… rien de tout cela ne me désarme, je ne suis attendrie par rien ; je m’interroge, et loin de cette fastidieuse émotion de la pitié, je n’éprouve qu’un chatouillement délicieux dans toute mon organisation : le plus chetif attouchement m’aurait fait décharger dix fois. Je redouble mes caresses à toute cette intéressante famille, dans le sein de laquelle je viens apporter le meurtre ; ma fausseté est au comble, plus je trahis, et mieux je bande. Je donne des rubans à la mère, des bonbons aux enfans ; nous revenons ; mais