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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/152

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tructions morales que je lui avais données, elle périt au bout de fort peu de tems, victime de la scélératesse de son époux et de son père, dans des orgies, que des événemens dans le détail duquel je vais bientôt entrer, m’empêchèrent de partager.

Les filles que j’étais obligée de fournir au ministre, ne me coûtaient pas toujours les sommes que je recevais pour elles ; il arrivait même quelquefois qu’elles me rapportaient au lieu de me coûter. Je vais vous en citer un exemple, qui ne vous donnera peut-être pas une haute idée de ma probité.

Un homme de province m’écrit un jour, que le gouvernement lui doit cinq cents mille francs pour des avances faites dans la dernière guerre ; sa fortune bouleversée depuis lors, le réduit, faute de cette somme, à mourir de faim, lui et une fille de seize ans, qui fait la consolation de ses jours, et qu’il marierait avec une partie de cet argent, s’il pouvait en obtenir la rentrée. Le crédit qu’il me connait, auprès du ministre, l’engage à s’adresser à moi, et il m’envoie toutes ses pièces. Je m’informe, le fait est vrai ; ce ne sera pas sans beaucoup de crédit qu’on aura ces fonds ; mais ils sont dûs très-