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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/151

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juger de là, quelle est la trempe de l’imagination d’un père, qui bande et qui décharge, en faisant fouetter devant lui, sa fille, par un bourreau. J’appris dès la première nuit, à mon écolière, tout ce qui tient à la théorie du libertinage ; et, au bout de trois jours, elle me branlait aussi bien que Clairwil. Peu à peu, néanmoins, cette petite fille parvint à me monter la tête, je l’immolais déjà dans ma perfide imagination, lorsque je demandai enfin à Noirceuil, ses intentions sur cette créature ; je veux en faire une victime, me répondit-il, comme j’ai fait de toutes mes autres femmes. — En ce cas, pourquoi retarder ? — À cause de la dot, à cause d’un enfant qu’il faut que je lui fasse, ou que je lui fasse faire, à cause de la protection du ministre qu’il faut que je conserve au moyen de cette alliance. Ces réflexions auxquelles je ne m’étais pas livrée, dérangèrent un peu mes idées. Et comme j’ai à vous raconter des événemens plus intéressans pour moi que ceux-là, vous saurez seulement, pour ne plus revenir à Alexandrine, qu’elle épousa Noirceuil, qu’elle devint grosse, je ne sais comment ; et que comme rien dans elle ne répondait aux ins-