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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/173

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semble que l’on sera plus libre, que l’on inventera davantage ; on est alors dispensé de cette espèce de honte dont on a tant de peine à se débarrasser avec les autres, et rien ne vaut enfin les crimes solitaires.

Il y avait quelque tems que je n’avais paru dans ce cercle : perpétuellement entourée de plaisir, je savais rarement auquel donner la préférence. Je n’y fus pas plutôt entrée, que je reçus mille éloges et mille complimens nouveaux, et je me vis bientôt contrainte à n’être que victime, lorsque j’arrivais pour être sacrificateur. Un homme de quarante ans m’enconnait ; et fort peu occupée de répondre à ses feux, me laissant faire comme une machine, j’observais avec bien plus d’attention un fort bel abbé ; enculant alternativement deux jeunes personnes pendant qu’on le fouettait lui-même : il était à deux pieds de moi ; je l’excitais par des propos, et je m’apperçus promptement qu’il faisait à moi bien plus d’attention qu’aux individus dont il se servait. Nous étant donc promptement débarrassés de nos entours, nous nous liâmes. Votre façon de jouir me plaît bien plus que celle de celui où vous venez de me voir livrée, lui dis-je, je ne conçois pas