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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/180

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parler aux hommes, dût être nécessairement son plus grand ennemi : le plus effrayant des supplices eût encore été beaucoup trop doux pour lui… On ne se sent pas assez, dit Belmor, la nécessité de la détruire… de l’extirper dans notre patrie… Ce sera fort difficile, dit Noirceuil, il n’y a rien à quoi l’homme tienne, comme aux principes de son enfance : un jour peut-être par un enthousiasme de préjugés tout aussi ridicules que ceux de la religion, vous verrez le peuple en culbuter les idoles. Mais semblable à l’enfant timide, il pleurera au bout de quelque tems, le brisement de ses hochets, et les réédifiera bientôt avec mille fois plus de ferveur. Non, non, jamais vous ne verrez la philosophie dans le peuple, ses organes épais ne s’ammolliront jamais sous le flambeau sacré de cette déesse ; l’autorité sacerdotale, un instant affaiblie peut-être, ne se rétablira qu’avec plus de violence, et c’est jusqu’à la fin des siècles, que vous verrez la superstition nous abreuver de ses venins. — Cette prédiction est horrible. — Elle est vraie. — Le moyen de s’y opposer… Le voici, dit le comte, il est violent, mais il est sûr ; il faut arrêter et massacrer tous