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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/179

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La nature, dit le comte, indique à l’homme de ne le chercher que dans les excès ; l’inconstance dont il est doué, en lui conseillant d’augmenter ses sensations chaque jour, prouve bien que les plus douces ne sont que dans les écarts. Malheur à ceux qui, contenant les passions de l’homme dans sa jeunesse, lui font une habitude des privations, et le rendent par là, le plus infortuné des êtres. Quels mauvais services on lui rend alors… Il ne faut pas se tromper sur le but de ceux qui se conduisent ainsi, dit Noirceuil ; ne doutons point que ce ne soit par méchanceté, par jalousie… de peur que les autres ne soient aussi heureux, que ces pédans-là sentent bien qu’on peut l’être en se livrant à toutes leurs passions,… La superstition, dit Belmor, y contribue beaucoup, il fallait bien composer des offenses envers le Dieu que la superstition créait ; un Dieu qui ne se serait fâché de rien, devenait un être sans puissance ; et où pouvait mieux se trouver le germe des crimes, que dans le jet des passions ?… Que de tort, dit Noirceuil, la religion a fait à l’univers. Je la regarde, dis-je, comme le fléau le plus dangereux de l’humanité ; celui qui le premier put en