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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/182

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pas une des têtes de l’hydre qu’il faut couper, c’est le monstre en entier qu’il faut étouffer ; le martyr d’une opinion voit la mort avec courage, parce que cette force lui est inspirée par celui qui le précède. Massacrez tout en un seul jour, que rien ne reste, et vous n’aurez plus de ce moment ni sectateurs ni martyrs… Cette opération n’est pas aisée, dit Clairwil… Infiniment plus qu’on ne pense, répondit Belmor, et je me charge de l’exécuter avec vingt-cinq mille hommes, si le gouvernement veut me les confier ; il ne faut à cela, que de la politique, du secret, de la fermeté, sur-tout point de molesse et point de queue ; vous craignez les martyrs, vous en aurez tant, qu’il restera un sectateur à l’abominable Dieu des chrétiens… Mais, dis-je, il faudrait donc détruire les deux tiers de la France. Pas même un, répondit Belmor, mais à supposer que la destruction nécessaire fut aussi grande que vous le dites, ne vaudrait-il pas cent fois mieux que cette belle partie de l’Europe ne fût habitée que par dix millions d’honnêtes gens, que par vingt-cinq millions de coquins. Cependant, je le répète, ne croyez pas qu’il y ait en France