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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/184

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qui peut l’embrâser et le détruire… Allons, dit Noirceuil, puisse le gouvernement vous confier le soin que vous desirez, je jouirais bien sincèrement avec vous du résultat, puisqu’il bannirait de dessus la partie du monde que j’habite, une abominable religion que je hais pour le moins autant que vous. Et comme il était tard ; après le plus succulant et le plus somptueux dîner, on partit-pour la société.

Il y avait un usage fort extraordinaire à la réception d’un nouveau président ; appuyé sur le ventre, dans un canapé, au bas de sa chaire, il fallait que tous les membres de la société fussent lui baiser le cul avant qu’il ne s’établit dans son fauteuil ; le comte se place, et chacun satisfait à l’hommage. Il monte.

Mes frères, dit-il, j’ai promis d’entretenir aujourd’hui la société sur l’Amour, et quoique ce discours n’ait l’air de s’adresser qu’aux hommes, les femmes, j’ose vous l’assurer, y trouveront de même tout ce qui leur est nécessaire pour se préserver d’un sentiment aussi dangereux. Puis, s’étant couvert, et l’assemblée l’écoutant avec le plus grand silence, voici comme il s’exprima :

« On appelle Amour, ce sentiment inté-