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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/188

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jouissance des corps, connaîtrait le véritable bonheur, et s’épargnerait pour toujours le chagrin inséparable de sa dangereuse délicatesse.

C’est un être de raison… une sensation tout-à-fait chimérique que cette délicatesse que nous plaçons dans le desir de la jouissance : elle peut être de quelque prix dans la métaphysique de l’amour ; c’est l’histoire de toutes les illusions, elles s’embellissent mutuellement ; mais elle est inutile, nuisible même dans ce qui ne tient qu’à la satisfaction des sens ; de ce moment, vous le voyez, l’amour devient parfaitement inutile, et l’homme raisonnable ne doit plus voir, dans l’objet de sa jouissance, qu’un objet pour lequel le fluide nerval s’enflamme, qu’une créature fort indifférente par elle-même, qui doit se prêter à la satisfaction purement physique des desirs allumés par l’embrâsement qu’elle a causé sur ce fluide, et qui, cette satisfaction donnée et reçue, rentre au yeux de l’homme raisonnable, dans la classe où elle était auparavant. Elle n’est pas unique dans son espèce, il peut en retrouver d’aussi bonne, d’aussi complaisante ; il vivait bien autrefois, avant que de l’avoir