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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/190

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si la jouissance ne me les dessille pas, c’est, ou parce que je n’ai pas encore assez joui, ou par un reste de mes premières erreurs ; c’est le voile que j’étais accoutumé de porter avant que de jouir, qui retombe encore malgré moi sur mes yeux : et je ne l’arrache pas ! c’est de la faiblesse… de la pusillanimité ; détaillons la bien après la jouissance, cette déesse qui m’aveuglait avant… Saisissons le moment du calme et de l’épuisement pour la considérer de sang froid ; passons un instant, comme dit Lucrèce, dans les arrières scènes de la vie ; eh bien ! nous le verrons, cet objet divin qui nous faisait tourner la tête, nous le verrons doué des mêmes desirs, des mêmes besoins, des mêmes formes de corps, des mêmes appétits… affligé des mêmes infirmités que toutes les autres créatures de son sexe ; et nous dépouillant à cet examen de sang froid, du ridicule enthousiasme qui nous entraînait vers cet objet, entièrement semblable à tous les autres du même genre, nous verrons qu’en ne l’ayant plus, nous ne perdons que ce que nous pouvons aisément réparer. Ne faisons entrer pour rien ici les agrémens du caractère, ces vertus entièrement