Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du ressort de l’amitié ne doivent être appréciées que par elle ; mais en amour, je me trompe, si j’ai cru que c’était là ce qui m’avait décidé ; c’est le corps seul que j’aime, et c’est le corps seul que je plains, quoique je puisse le retrouver à tout moment : à quel point dès-lors sont donc extravagans mes regrets ?

Osons le dire, dans aucun cas, la femme n’est faite pour le bonheur exclusif de l’homme ; envisagée du côté de la jouissance, assurément elle ne la rend pas complette, puisque l’homme en trouve une, beaucoup plus vive avec ses semblables ; si c’est comme amie, sa fausseté et sa soumission, ou plutôt sa bassesse, s’opposent à la perfection du sentiment de l’amitié ; il faut dans l’amitié de la franchise et de l’égalité ; si l’un des deux amis domine l’autre, l’amitié se détruit ; or, cette autorité de l’un des deux sexes sur l’autre, fatale à l’amitié, existe nécessairement entre deux amis de sexe différent ; donc la femme n’est bonne ni pour maîtresse, ni pour amie ; elle n’est réellement placée que dans l’esclavage où les orientaux la tiennent ; elle n’est bonne que pour la jouissance, au-delà de laquelle, comme le disait