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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/205

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bout de cinq à six heures n’avons-nous pas eu de cette femme tout ce qu’il nous en faut ; une autre nuit, cent autres nuits, ne nous ramèneraient que les mêmes plaisirs ; et d’autres objets vous en préparent de nouveaux. Quoi ! tandis que des milions de beautés vous attendent, vous auriez la folie de ne vous attacher qu’à une : ne ririez-vous pas de la simplicité d’un convive qui, dans un repas magnifique, ne se nourrirait que d’un seul plat, quoique plus de cent fussent offerts à son appétit ; c’est la diversité, c’est le changement qui fait le bonheur de la vie, et s’il n’est pas un seul objet sur la terre qui ne puisse vous procurer une volupté nouvelle, comment pouvez-vous porter l’extravagance au point de vous captiver à celui qui ne peut vous en présenter qu’une ?

Ce que j’ai dit des femmes, mes frères, vous pouvez le rapporter aux hommes. Nos défauts sont aussi grands que les leurs, et nous ne méritons pas mieux de les fixer ; toute espèce de chaîne est une folie, tout lien est un attentat à la liberté physique dont nous jouissons sur la surface du globe. Et tandis que je perds mon tems avec cet être quelconque, cent mille autres se flé-