Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trissent autour de moi, qui mériteraient bien mieux mon hommage.

Est-ce une maîtresse, d’ailleurs, qui peut satisfaire un homme ? est-ce alors, qu’esclave des volontés et des desirs de sa déesse, il ne travaillera qu’à la contenter, qu’il pourra s’occuper de ses voluptés personnelles : la supériorité est nécessaire dans l’acte de la jouissance ; celui des deux qui partage, ou qui obéit, est certainement exclu du plaisir ; loin de nous, cette délicatesse imbécille qui nous fait trouver des charmes… même dans nos sacrifices ; ces jouissances purement intellectuelles, peuvent-elles valoir celle de nos sens ? Il en est de l’amour des femmes, comme de celui de Dieu, ce sont des illusions qui nous nourrissent dans l’un et l’autre cas. Dans le premier nous voulons n’aimer que l’esprit, abstraction faite du corps ; dans le second, nous prêtons un corps à l’esprit, et dans tous deux nous n’encensons que des chimères.

Jouissons ; telle est la loi de la nature ; et comme il est parfaitement impossible d’aimer long-tems l’objet dont on jouit, subissons le sort de tous les êtres que nous ravalons injustement au-dessous de nous,