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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/208

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reste, et ce qui devrait servir seul à nous en éloigner. Quoi ! c’est le caractère d’une femme, c’est son esprit bourru, c’est son ame perfide, qui devrait toujours me refroidir sur l’envie que j’ai de jouir de son corps, et j’oserai dire dans mon ivresse métaphisyque, que ce n’est point le corps que je veux, mais le cœur ; c’est-à-dire, précisément la chose qui devrait m’éloigner de ce corps. Cette extravagance ne peut se comparer à rien ; et d’ailleurs, la beauté n’étant qu’une chose de convention, l’amour ne peut plus être qu’un sentiment arbitraire, dès que ces traits de beauté, qui font naître l’amour, ne sont pas uniformes. L’amour ne devenant plus que le goût exigé par les organes, ne peut plus être qu’un mouvement physique, où la délicatesse ne peut plus s’allier ; car, de ce moment, il est clair que j’aime une blonde, parce qu’elle a des rapports qui s’enchaînent à mes sens ; vous, une brune, par de semblables raisons ; et dans tous deux, l’objet matériel s’identifiant à ce qu’il y a de plus matériel en nous, comment adapterez-vous de la délicatesse et du désintéressement à cet unique organe du besoin et de la convenance ?