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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/211

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que chose de plus ; l’absence et le changement sont les remèdes assurés de l’amour ; on ne pense bientôt plus à la personne qu’on cesse de voir, et les voluptés nouvelles absorbent le souvenir des anciennes ; les regrets de pareilles pertes sont bientôt oubliés ; ce sont les plaisirs irrétrouvables qui peuvent en donner d’amers ; mais ceux qui se remplacent aussi facilement, ceux qui renaissent à toutes les minutes… à tous les coins de rues, ne doivent pas coûter une larme.

Eh ! si l’amour était vraiment un bien, s’il était réellement fait pour notre bonheur, un quart de la vie s’écoulerait donc sans en pouvoir jouir ? Quel est l’homme qui peut se flatter d’enchaîner le cœur d’une femme, quand il a passé soixante ans ? il en a pourtant quinze encore à jouir s’il est bien constitué ; il doit donc renoncer au bonheur pendant ces quinze années-là. Gardons-nous d’admettre un pareil systême ; si l’âge vient faner les roses du printemps, il n’éteint ni les desirs, ni les moyens de les satisfaire ; et les plaisirs que goûte le vieillard, toujours plus recherchés… toujours plus améliorés… toujours plus dégagés de cette froide meta-