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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/210

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rapprochées par l’odeur de ces deux antiques divinités.

Soyons donc sages à la fin, et faisons de ces ridicules idoles ce que les Japonais font des leurs, quand ils n’en obtiennent pas ce qu’ils desirent. Adorons ou faisons semblant d’adorer, si l’on veut, jusqu’à l’obtention de la chose desirée ; méprisons-le dès qu’elle est à nous ; si on nous refuse, donnons cent coups de bâton à l’idole, pour lui apprendre à dédaigner nos vœux ; où si vous l’aimez mieux, imitons les Ostiaques qui fustigent leurs Dieux à tour de bras, aussitôt qu’ils en sont mécontens ; il faut pulvériser le Dieu qui n’est bon à rien ; c’est bien assez d’avoir l’air d’y croire dans le moment de l’espérance.

L’amour est un besoin physique, gardons-nous de le considérer jamais autrement[1]. L’amour est, dit Voltaire, l’étoffe de la nature que l’imagination a brodée. Le but de l’amour, ses desirs, ses voluptés, tout est physique en lui ; fuyons pour toujours l’objet qui semblerait prétendre à quel-

  1. Voyez ce qu’en dit la célèbre Ninon de l’Enclos, quoique zélatrice et femme.