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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/213

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ce sale mystère ; et voilà tout d’un coup l’image du viol, et par conséquent, pour Philatre, un plaisir de plus. Jouissait-il de tous ces plaisirs à vingt ans ; on le prévenait, on l’accablait de caresses, à peine avait-il le loisir d’en desirer, et la jouissance éteinte dans elle-même, ne lui laissait jamais aucune pointe. Est-ce un desir, que le mouvement satisfait avant que de naître ? La résistance n’est-elle donc pas la seule ame du desir, où peut-elle en ce cas exister plus entière qu’au sein des dégoûts ? Si donc le plaisir ne s’irrite que par la résistance, et que celle-ci ne soit réelle, qu’enfantée par le dégoût, il peut donc devenir délicieux d’en causer, et toutes les fantaisies qui en donnent à une femme peuvent donc devenir plus sensuelles, et cent fois meilleures que l’amour… que l’amour… la plus absurde de toutes les folies, et dont je crois vous avoir suffisamment démontré le ridicule et tous les dangers.

On imagine bien que cette dissertation ne fût pas très-applaudie par les femmes ; mais Belmor, qui ne recherchait guères plus leurs éloges que leurs sentimens, fut amplement consolé par les applaudissemens mas-