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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/231

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nation comme la sienne, et voici un petit calcul de sa main, qui suffira à te faire voir la rapidité de cette contagion, et combien elle peut être voluptueuse à produire, s’il est vrai comme ni toi, ni moi, n’en doutons, que la sensation gagne en raison de l’atrocité du crime.

Et madame de Lorsange montra, à ses amis, le même papier qu’elle avait autrefois reçut de Belmor. Le voici :

Un libertin décidé à cette sorte d’action, lut Juliette, peut aisément, dans le cours d’une année, corrompre trois cents enfans ; au bout de trente ans, il en aura corrompu neuf mille ; et si chaque enfant corrompu par lui, l’imite seulement dans le quart de ses corruptions, ce qui est plus que vraisemblable ; et que chaque génération ait agi de même, au bout de ses trente ans, le libertin qui aura vu naître sous lui deux âges de cette corruption, aura déjà près de neuf millions d’êtres corrompus, ou par lui ou par les principes qu’il aura donnés… Charmant, me répondit Clairwil ! mais le projet adopté, il faut le suivre… Il faut, dis-je, que non-seulement le nombre des trois cents victimes soit