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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/278

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je sors seule… à pied, de cette maison, où tant de faste m’environnait la veille… de cette maison sur laquelle je jette en pleurant les yeux pour la dernière fois. Je brûle de voir Clairwil, je ne l’ose, on me l’a sévèrement défendu ; n’est-ce point elle d’ailleurs qui m’a trahie… n’est-ce point elle qui veut usurper ma place. Ah ! comme le malheur rend injuste, et que de tort j’avais, vous le verrez bientôt, en soupçonnant ainsi ma meilleure amie. Allons, me dis-je, du courage, n’attendons plus de secours que de nous-mêmes… Je suis jeune encore…… c’est une carrière à recommencer ; les fautes de ma jeunesse m’ont instruite… O funeste vertu !… j’ai pu me trouver ta dupe une fois. Ah ! ne crains pas qu’on me revoye encore aux pieds de tes exécrables autels ; je n’ai fait qu’une seule faute, et ce sont de malheureux mouvemens de probité, qui me l’ont fait commettre. Absorbons-la pour jamais dans nous, elle n’est faite que pour perdre l’homme, et le plus grand malheur qui puisse arriver dans un monde tout-à-fait corrompu, est de vouloir se garantir seule de la contagion générale. Que de fois je l’avais pensé, grand Dieu ?